Il y’a de cela quarante ans, une femme nommée Vigdis Finnbogadottir se faisait élire présidente de l’Islande, devenant ainsi la première femme au monde à prendre la tête d’un gouvernement. Elle fut réélue trois fois avant 1996, l’année qui marqua la fin de ses mandats. Un tel évènement a apporté une énième preuve que les femmes ont des capacités et des compétences en leadership au même titre que les hommes. Mais quatre décennies plus tard, un bilan s’impose. Le leadership féminin date-t-il d’aussi loin que Vigdis ? Il y a dix ans, les femmes arrivaient elles à faire valoir leurs compétences de leader ? Aujourd’hui, dans un contexte de crise sanitaire, ont elle autant gravi les échelons qu’on le prédisait ?
Leadership féminin, depuis quand ?
Certaines études ont prouvé que les sociétés de la préhistoire auraient connu des formes de pouvoir matriarcal fondés sur le culte de la « Grande déesse ». Si ça date de la préhistoire et sans vouloir encenser la gente féminine, il faut croire que la femme n’a pas volé ses aptitudes de dirigeante. De nombreux faits dans l’histoire, de nombreuses révolutions ont été menées par des femmes. Comment les citer sans commencer par parler de Tassi Hangbè, une femme d’exception qui régna sur le Dahomey de 1708 à 1711 et fonda le redoutable corps militaire des amazones. Cette histoire qui est aussi l’histoire de tous les béninois, nous vous la relateront dans quelques temps. A Londres, la femme n’était pas considérée comme une personne selon l’interprétation de la loi constitutionnelle de 1867. Avec à sa tête Emily Murphy, première juge municipale de l’empire britannique un mouvement de femmes se lève et s’insurge contre cette grosse injustice. Elles obtiendront gain de cause dans un célèbre jugement rendu le 18/10/1929 reconnaissant aux femmes leur statut de personnes, leur permettant de bénéficier des droits civils qui pour elles étaient un privilège. En 1930, les travailleuses se mobilisent pour leurs droits. Ce sont des midinettes* qui déclenchent des grèves spectaculaires avec à leur tête Madame Léa Roback. Le mouvement mobilise 5000 grévistes qui dénoncent 70h de travail hebdomadaire, des salaires inférieurs au salaire minimum, le harcèlement sexuel ou encore l’absence de congés de maternité. Parlons maintenant de la religieuse Marie-Laurent de Rome ainsi que de Jeanne Lapointe, professeure de littérature à l’Université Laval. Deux femmes qui une fois nommée à la Commission Parent s’assurent que les filles aient accès aux études supérieures. Girl Power on a dit. Et des exemples tels que ceux-ci il y en a des dizaines pour démonter l’absurde idée que les femmes ne peuvent performer lorsqu’elles sont au pouvoir. La place de la femme n’est pas à la cuisine, elle est partout où elle le décide.
Le leadership et la femme des années 2000 : amour impossible ou pas ?
Influencée par les réalités socioculturelles de la femme, le leadership féminin de façon générale peine à émerger. Dans nos cultures africaines une femme n’est bonne que pour le foyer. Alors de là à la voir en leader beaucoup d’hommes pensent à une apocryphe. Les années 2000 à 2010 on a pu constater une hausse de la présence des femmes. Et ceci dans de nombreux domaines.
Dans plusieurs corps de métier, la proportion des femmes est plus importante que celle des hommes. C’est le cas de l’enseignement ou de de la santé, la législation ne faisant aucune discrimination basée sur le sexe. Si hier, des absurdités telles que la femme n’hérite pas, la femme ne doit pas commander un homme et donc ne doit pas diriger une entreprise, la femme ne doit pas être plus instruite qu’un homme, une femme ne croise pas les pieds en public, les urines de la femme ne traversent pas un tronc d’arbre, une femme très instruite ne fera pas une bonne épouse, une femme ne peut pas diriger…, bloquaient l’épanouissement de la femme, aujourd’hui les femmes ont investi tous les secteurs d’activités. Mais comment comprendre que malgré cette importante présence féminine, on ne rencontre pas beaucoup de femmes leader ou encore de femmes dans les exécutifs des organisations syndicales ?
Deux raisons peuvent expliquer cet état de choses.
La première, c’est le désintérêt ou le refus des femmes de s’engager, comme si elles n’étaient formées qu’à subir ou qu’à jouer les seconds rôles dans la société. Un formatage subit depuis le bas âge. La deuxième est que, même lorsque les femmes font le nombre (lorsqu’elles sont majoritaires dans les organisations), les autres femmes le supportent mal et préfèrent plébisciter les hommes au lieu de leurs consœurs aux postes de responsabilité. En outre avec la notion du genre qui prend de plus en plus place dans les institutions, elles peinent à mettre à contribution leurs compétences.
La femme d’aujourd’hui, son pouvoir face aux autres et…au coronavirus
La pandémie du Coronavirus est arrivée à un moment ou la femme s’illustre avec peine dans les domaines d’activité ou elle pourrait s’épanouir. On aurait tendance à croire qu’en 2021, au 21ème siècle les femmes sont libres d’exercer le métier qu’elles veulent, de prendre la parole quand elles en sentent le besoin. Mais les obstacles sociaux et systémiques préexistants demeurent pendant que nous en sommes encore à nous battre contre la violence domestique, les taches de soin non rémunérées, le chômage et la pauvreté. Les femmes sont néanmoins en première ligne dans cette lutte contre la propagation du virus en tant que professionnelles de la santé, pourvoyeuse de soins, blogueuse, reporter, organisatrice communautaire et même dirigeantes nationales. Saviez-vous que les pays qui ont le mieux fait face à la crise sanitaire sont dirigés par des femmes ? Les dirigeantes du Danemark, de la Finlande, de l’Allemagne, de l’Islande de la Slovaquie et de la Nouvelle-Zélande ont fait montre d’excellentes capacités de gestion et de coordination quand il a fallu contenir et répliquer face à la crise du COVID. Pourtant, des femmes à la tête d’un pays, il y en a que 20 dans le monde. Le thème de la journée internationale de cette année, c’est « Leadership féminin : Pour un futur égalitaire dans le monde de la Covid-19 » Cette crise a encore une fois révélé de part leur implication que les femmes sont de vrais piliers de notre société. Aujourd’hui plus que jamais redonnons leur, leurs droit, l’égalité salariale, le partage équitable des taches familiales et le bannissement de toute violence à leur égard. Elles le méritent.