La 41ème conférence et assemblée générale de la fédération des sociétés d’assurances de droit national africaines (FANAF) se tiendra à Marrakech, au Maroc, du 13 au 16 février sous le thème « Nouveaux enjeux réglementaires et défis opérationnels : quelle stratégie pour l’assurance africaine ? ». Une occasion pour les professionnels africains et internationaux du monde de l’assurance de faire le point sur un secteur en pleine progression en Afrique.
L’Afrique représente aujourd’hui 1,5 % du marché mondial de l’assurance. En 2014, indique SIGMA – Swiss Re, ce marché a généré 4 778 milliards de dollars à travers le monde. En Afrique, la même année, la FANAF indique que le secteur de l’assurance, dans l’ensemble de sa zone (16 pays), employait 8 572 personnes contre 8 289 en 2013. En outre, indique l’association africaine, les primes émises (affaires directes) dans les 16 pays de la zone FANAF ont généré 1,54 milliards d’Euros en assurances Vie et en non Vie. La part Vie étant de 28% et la non Vie de 72%. Bien plus, indique la FANAF, les provisions techniques pour les données de 15 pays s’élevaient à 2,24 milliards d’Euros. Par ailleurs, selon certaines études, un africain dépense en moyenne moins de 70 dollars par an pour s’assurer, contre 1 000 dollars en Afrique du Sud et plus de 2 700 dollars en Europe de l’Ouest. Néanmoins, malgré ces chiffres, la marge de progression du marché des assurances demeure importante au regard de l’émergence et du développement des opérateurs locaux ainsi que de l’attrait que le continent exerce auprès des sociétés internationales du secteur. En effet, dans une récente publication de Proparco (Filiale de l’Agence française de développement, dédiée au secteur privé), le camerounais Richard Lowe, fondateur et président directeur général d’Activa Assurances, explique que dans le domaine des assurances, le continent compte environ 600 compagnies actives dans 54 pays (à titre de comparaison, l’Europe en totalise près de 5 000). En outre, explique-t-il, les dix premiers marchés de la région concentrent plus de 90 % du chiffre d’affaires (CA). Sans surprise, l’Afrique du Sud compte pour 75 % de ce CA, suivi par le Maroc (avec des primes annuelles émises de l’ordre de 3,1 milliards de dollars en 2015.NDLR), l’Égypte, le Nigeria et le Kenya. « Dans les autres pays du continent, l’assurance conserve une forte marge de progression. Malgré cette part limitée de l’assurance africaine sur l’échiquier mondial, de nombreux acteurs (courtiers internationaux, compagnies européennes, etc.) ont investi le secteur, attirés par sa bonne sinistralité qu’explique notamment la faible exposition des assureurs africains à des risques de pointe. Le ratio combiné est, en effet, meilleur sur le continent que sur les marchés développés », note Richard Lowe.
Des groupes africains et internationaux très actifs
En effet, depuis quelques années, de groupes internationaux développent leur présence sur le continent dans un secteur censé croître rapidement grâce notamment à l’émergence de la classe moyenne africaine ou de la diversité de la demande. Ainsi, en juin dernier, le groupe français Axa Assurance (très présent en Afrique notamment au Cameroun, en Côte d’Ivoire, au Sénégal, au Gabon, en Algérie et au Maroc) a lancé à Abidjan, « AXA Africa Specialty Risks » (AXA ASR), en partenariat avec l’assureur britannique Chaucer Lloyds. Objectif : couvrir les risques spécifiques, en particulier les risques politiques et terroristes ainsi que ceux liés aux secteurs de l’énergie et des infrastructures sur le continent. Le groupe allemand Allianz est également très présent en Afrique avec 17 filiales dans 12 pays et continue de s’étendre. Le groupe américain Metlife, pour sa part, couvre particulièrement l’Egypte. Néanmoins, les groupes africains sont également très opérationnels sur le continent notamment les sud-africains Sanlam (assureur africain le plus important en dehors de l’Afrique du sud, présent dans 26 pays) et Old Mutual (ce dernier envisage d’avoir 10 millions de clients supplémentaires d’ici 2020, hors Afrique du sud) ; l’entreprise kenyane UAP Holdings, très présente en Afrique de l’Est ; SUNU Assurance de Pathé Dione ; les entreprises marocaines Saham assurance et Wafa assurance ; la Nouvelle société inter-africaine d’assurance (NSIA, présent dans 12 pays de l’Afrique centrale et occidentale) ou encore Activa , qui compte 7 filiales dans cinq pays : Cameroun, Ghana, Guinée Conakry, Libéria et Sierra Léone. L’entreprise a également créé le réseau Globus, premier réseau d’assurance du continent, qui couvre 43 pays africains et permet la souscription de solutions d’assurance globalisées via une plateforme unique basée au Cameroun.
Risques des particuliers et risques d’entreprises
Les principaux acteurs du marché de l’assurance en Afrique sont les courtiers, les compagnies d’assurances et les réassureurs. Selon Richard Lowe, « les courtiers à vocation nationale se concentrent sur les risques de particuliers, les PME locales, ainsi que sur les risques étatiques et paraétatiques. Les risques d’entreprises sont détenus à plus de 90 % par des courtiers internationaux qui, depuis de nombreuses années, accompagnent leurs clients dans leurs investissements sur le marché africain. À cette fin, ils ont mis en place des programmes d’assurance auprès de compagnies installées sur le continent. Certaines de ces compagnies opèrent uniquement sur leur marché national. D’autres, à vocation régionale ou internationale, s’organisent de plus en plus en réseau et développent des filiales ou des partenariats dans plusieurs pays africains ». Ainsi, en Afrique, le taux global de pénétration de l’assurance oscille autour de 2 %, mais atteint 10 à 20 % par l’intermédiaire des acteurs financiers. La distribution des produits d’assurance se fait via le courtage, mais de nouveaux modes de distribution se développement à savoir le réseau bancaire (bancassurance), la vente en ligne ou encore via la téléphonie mobile, au regard du fort taux de pénétration de cet outil en Afrique.
Le marché de l’assurance offre donc de belles perspectives en Afrique, même si le taux de pénétration est encore bas. Le développement de ce secteur, comme de beaucoup d’autres, est tributaire de plusieurs facteurs notamment la stabilité des pays, le pouvoir d’achat des populations et une bonne réglementation.
Source : Forbes Afrique